An aesthetic mouvement  






























En Allemagne, un courant esthétique issu de disciples du philosophe idéaliste Emmanuel Kant (1724-1804) a reçu le nom de formalisme. Cette tendance trouve son expression achevée dans l’œuvre de Heinrich Wölfflin (1864-1945). 


Wölfflin pense, comme Jacob Burckhardt, qui fut son maître à penser, que « l’art a sa propre vie » et « sa propre histoire » et, sous l’influence des théoriciens de la pure visibilité [Konrad Fiedler (1841-1895), philosophe et critique d’art ; Adolf von Hildebrand (1847-1921), sculpteur ; Hans von Marées (1837-1887), peintre], propose de ramener son développement à 5 couples antithétiques de catégories de visualité pure (le passage du linéaire au pictural ; d’une présentation par plan à une présentation en profondeur ; de la forme fermée à la forme ouverte ; de la pluralité à l’unité ; de la clarté absolue à la clarté relative des objets présentés). Ajoutons ici que ces cinq couples antithétiques ne représentent pas cinq critères de styles différents, mais cinq points de vue du même phénomène. 


En France, Henri Focillon (1881-1943), qui succède à Emile Mâle (1862-1954) en 1924 comme professeur à la Sorbonne, cherche à « penser comme l’artiste », car il veut dépasser les données brutes de l’histoire, l’œuvre d’art n’existant pour lui « qu’en tant que forme » traduisant les mouvements de l’esprit. Quant à André Malraux (1901-1976), dont l’œuvre a été fortement influencée par celle d’Elie Faure (1873-1937), il appellera artiste « celui qui crée des formes » et se meut librement dans un « monde pictural autonome » qui, par son isolement, permet d’admirer aussi bien un Poussin qu’un masque africain. C’est en ce sens que ce « musée imaginaire » est intemporel et c’est en cela que, pour Malraux, l’art résiste à la mort et sera ainsi « un antidestin » ; cette réponse s’avérera être, pour le philosophe Gilles Deleuze, « plutôt une bonne réponse ». 


L’esprit philosophique du formalisme devait amener les esthéticiens à se poser la question des raisons intérieures qui provoquent la création des styles. Aloïs Riegl (1858- 1905), par exemple, s’opposera à la conception des « séquences nécessaires » de Wölfflin et parlera, quant à lui, de « volonté d’art » (Kunstwollen) imposant une nouvelle vision. A l’opposé de l’idéalisme des formalistes se situent le contextualisme des historiens qui replacent les œuvres et les artistes dans leur environnement idéologique et social. Iront dans ce sens, par exemple, les analyses d’un Meyer Schapiro (1904-1966) qui appliquera la théorie marxiste à l’analyse socio-historique des œuvres d’art.

 

 Extrait de Formalisme et contextualisme, séminaire peinture – J.M. Sauvage ERBA Valence (2009)